Quatre organisations environnementales en France ont récemment déposé une plainte au pénal contre TotalEnergies, l’accusant de divers crimes liés à ses projets d’énergie fossile. Darwin Climax Coalitions, Sea Shepherd France, Wild Legal, et Stop Total en Ouganda ont conjointement porté cette plainte devant le tribunal judiciaire de Nanterre, qualifiant les actions de TotalEnergies d' »homicide involontaire » et dénonçant une « action climaticide ».
La plainte vise particulièrement le projet d’oléoduc en cours de développement en Ouganda, appelé East African Crude Oil Pipeline (EACOP), d’une valeur de 3,5 milliards de dollars. TotalEnergies détient une part de 62% dans ce projet qui vise à faciliter l’exportation du pétrole du pays vers les marchés internationaux. Les associations reprochent à TotalEnergies d’avoir approuvé plus de projets d’énergie fossile que tout autre géant du secteur pour la période 2022-2025.
La directrice de Sea Shepherd France a déclaré dans un communiqué que, compte tenu de l’urgence climatique, les entreprises ne peuvent plus impunément compromettre l’avenir mondial au nom du profit à court terme. Lamya Essemlali, ajoutant que la reconnaissance de la responsabilité pénale de Total dans sa stratégie climaticide est cruciale pour une justice climatique efficace.
Les accusations portées par les associations incluent « l’abstention de combattre un sinistre », « l’homicide involontaire », « les atteintes involontaires à l’intégrité de la personne » et « la destruction ou dégradation d’un bien appartenant à autrui de nature à créer un danger pour les personnes ». Ces charges ont été officiellement déposées le 22 septembre, et une enquête formelle pourrait être ouverte.
Une porte-parole de TotalEnergies a répondu en déclarant que la compagnie n’était pas au courant de la plainte. Elle a souligné que TotalEnergies opère en conformité avec ses normes d’opération ainsi qu’avec les lois et réglementations en vigueur. Elle a ajouté que la compagnie répondrait aux demandes des autorités si nécessaire.
En juillet, Human Rights Watch avait accusé le projet EACOP de « dévaster » la vie de milliers de personnes en raison de compensations tardives ou insuffisantes pour leurs terres. L’ONG a également souligné les implications négatives du projet sur le climat en raison des émissions qu’il engendrerait, contribuant ainsi au dérèglement climatique. TotalEnergies avait alors rejeté ces accusations, affirmant respecter tous les droits des personnes affectées par le projet.
Cette plainte pourrait être un tournant dans la manière dont les grandes entreprises sont tenues responsables de leurs actions sur le plan environnemental, et pourrait inciter d’autres groupes à prendre des mesures similaires contre les géants de l’industrie énergétique.